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poèmes

Érigé là, pour ne soutenir rien
Que les siècles et leur douleur indébile.

Soudain, sur ce pilier — ainsi qu’un ostensoir
Lamentable, là-bas, qui s’éclaire lui-même —
Masque de cire en un nuage blême,
Mon front surgit de souffrance et de soir :

— Bouche de cris tordus en muette prière,
Cheveux tristes d’orgueil fauché,
Chair seule, et, par le col tranché,
D’intermittents caillots de sang et de lumière —

Mon front, hélas ! celui si pâle de ma mort
En ces caveaux immobiles d’or rouge,
Où plus jamais — sinon mes yeux — flamme ne bouge
Pour regarder ce faste en fer de ma mort.