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CELUI DE L’HORIZON


 
J’ai regardé, par la lucarne ouverte, au flanc
D’un phare abandonné que flagellait la pluie :
Des trains tumultueux, sous des tunnels de suie,
Sifflaient, fixés, au loin, par des fanaux en sang.

Le port immensément enchevêtré de mâts,
Dormait, huileux et lourd, en ses bassins d’asphalte ;
Un seul levier, debout sur un bloc de basalte,
Serrait, en son poing noir, un énorme acomas.

Et sous l’envoûtement de ce soir de portor,
Une à une, là-bas, s’éloignaient les lanternes,
Vers des quartiers de bruit, de joie et de tavernes,
Où bondissent les ruts, parmi des miroirs d’or.