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les vignes de ma muraille


— Le silence et le grand froid ;
Et, par la nuit, le vague effroi
D’un ciel plein d’astres en voyage —

Au fond des citernes de mort,
Mon cœur s’acharne et bat encor
À coups de fièvre, sur la lune.

La lune à lui, parmi les eaux, s’allie ;
La lune est un visage étincelant ;
La lune est un hiver de miroirs blancs
Sur l’eau des Nords du sort ;
La lune est un bloc de folie ;
La lune est une bouche de gel
Qui mord mon cœur essentiel.

Les tenailles des minuits clairs
Serrent ce cœur entre leurs fers ;

La patience des aiguilles du givre
Criblent ce cœur ardent de vivre ;
Déjà les eaux, couleur de son cadavre