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poèmes, iiie série

Les troncs et les taillis se parlent ;
Et les oiseaux : hérons, grèbes et harles,
Font comme une bataille d’ailes
Et de signes, au-devant d’elle.

Sut-on jamais de quels pays elle est venue ?
Des bateleurs qui s’en venaient d’ailleurs
Un dimanche, sur les routes, l’ont reconnue.
A-t-elle aimé les Nixes d’or ? Peut-être.
Mais rien n’est sûr, sinon qu’aux temps lointains, un prêtre
Exorcisa ses mains qui foudroyaient les fleurs.

Depuis, elle a choisi sa retraite et son lot,
Sur un coteau qui domine les plaines,
D’où chacun sait qu’elle guette les clos,
Par sa fenêtre à poussiéreux carreaux,
Le soir, tout en mêlant les écheveaux
De ses bontés ou de ses haines.

Son pauvre toit, là-bas, semble un oiseau broyé,
Contre les dunes par quelque vent sauvage,
Et qui fouille le sable, avec toute la rage
De ses pattes et de ses ailes reployées.