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poèmes, iiie série


L’air est rouge, le firmament
On le dirait défunt, sinistrement,
Sous les yeux clos de ses étoiles.
Le vent chasse des cailloux d’or,
Dans un déchirement de voiles.
Le feu devient clameur hurlée en flamme
Vers les échos, vers les là-bas,
Sur l’autre bord, où brusquement les au-delà
Du fleuve s’éclairent comme un songe :
Toute la plaine ? elle est de braise, de mensonge,
De sang et d’or — et la tourmente
Emporte avec un tel élan,
La mort passagère du firmament,
Que vers les fins de l’épouvante,
Le ciel entier semble partir.