Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/143

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Tous ceux du Bornhemsgat vinrent à la rescousse ;

Ils apportaient des socs et des marteaux,
Ils se ruaient, par blocs brutaux,
Quatre à quatre, dans la bataille.
Leur passage compact y laissait une entaille
Énorme : ils avançaient et les bêtes mordaient.
Un molosse, le poil debout, les dents sauvages,
Saisit l’un d’eux et resserra sa rage,
Sur la nuque, comme un étau ;
Une loutre broyait la main du passeur d’eau ;
Les daims trouaient et renversaient, à coups de corne,
Les jarrets droits et durs, comme des bornes ;
Un marinier, le torse ouvert, mourut
Et les hommes cédaient, quand apparut
Dans le tumulte fou des colères scandées,
Au flux et au reflux des chocs et des bordées,
Ce monument de rouge et formidable ardeur,

Nel Frankenlap, sonneur de trompe et débardeur.


Il balaya, d’un seul élan, toute la troupe

Des renards roux, brisa leurs dents, broya leurs croupes
Et projeta leurs corps brisés et mous

Comme un défi, vers la fureur des loups.