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pice, en sa descendance directe, pour ensuite se transmettre largement à une postérité.


II.

La vie de Rembrandt.


Si le génie de Rembrandt se libère de son milieu et de son temps, fatalement la vie quotidienne l’y rattache. Elle l’enveloppe et le cerne comme pour le pénétrer.

Pendant la période de formation et de recherches, elle l’envahira ; mais dès que le peintre se sera conquis, c’est-à-dire dès qu’il sera le Rembrandt que nous étudions, il luttera avec elle, la reléguera aussi loin de lui que possible, se créera en pleine réalité âpre, une existence de rêve, une existence fastueuse, imaginaire et folle, qu’un jour il lui faudra abandonner comme un failli, comme un vaincu. Tel aura été le résultat de son inassimilation à son milieu.

Rembrandt naît à Leyde, le 15 juillet 1606, près des remparts, sur un des bras du Rhin qui traverse la ville. Ses parents ? Harmen Gerritszoon (c’est-à-dire fils de Gerrits) et Neeltgen Willemsdochter (c’est-à-dire fille de Willem). Il est leur cinquième enfant. Harmen Gerritszoon est un bon bourgeois. Il veut que son fils, dans un milieu universitaire, soit un savant, « serve par sa science la cité et la république ». Rembrandt regimbe, refuse de se courber sur les livres. À treize ans, il entre dans l’atelier de Jacob van Swanenburgh, peintre médiocre, dont le nom