de Raphaël ou de Velasquez semblent d’une superficialité entière si on les compare à celle de Rembrandt. L’humanité infinie de celle-ci est indescriptible. Elle renferme en elle toute la douceur de la vie et toute la tristesse de la mort. Ses yeux viennent de si loin vers la souffrance humaine et son front apparaît si clair et si doux dans la ténèbre universelle ! On ne sait dire comment elle est peinte ; elle semble ne pas exister et se contenter d’apparaître. Autour d’elle l’adoration s’impose et les disciples la vénèrent avec un effroi tendre. Et le Christ rompt le pain d’une main lente, regardant ailleurs, comme si son geste n’était que la manifestation emblématique d’une vérité qu’on ne comprendra que plus tard.
Enfin une dernière page plus étonnante encore que les deux précédentes règne au musée de Brunswick. Elle s’intitule : Le Christ apparaissant à Madeleine. Sa date ? 1651.
Toute en noir, Madeleine s’est réfugiée dans quelque lieu désert, loin de la ville, au crépuscule. Jésus lui apparaît parmi les rochers. Il vient d’au delà de la terre. C’est l’amour qui lui a conseillé ce prodige. La pénitente se traîne vers lui et voudrait baiser le bord de son manteau. Mais un signe de la main du Christ l’arrête. La scène est toute de silence. Voici le maître dans la lumière, l’amante dans l’ombre, représentant l’un la vie — quoique mort, — l’autre la mort — quoique vivante, — et telle est la force de cette double et antithétique présence que vraiment l’œuvre apparaît comme venue d’au delà des