la composition enlevée comme une esquisse et apparaissant définitive et complète, une audace dans l’empâtement qui aboutit au relief, telle est sa suprême manière de peindre. On la surprend dans le Saint Mathieu du Louvre, dans la Lucrèce de la collection Borden, de New-York, dans le Retour de l’Enfant prodigue de l’Ermitage, le Portrait de famille du musée de Brunswick. Les ors qu’il ne possède plus, mais qui l’hallucinent encore, les reflets et les éclairages beaux comme des trésors renversés sous des flambeaux, les coulées énormes des pâtes où ses doigts, son couteau, et jusqu’au manche de sa brosse s’ébattent et dessinent des creux et des reliefs de bijouterie et d’ornementation richissime, le séduisent et le grisent plus que jamais. Il possède quelque part un vieux buste d’Homère. Les traits ravagés, les yeux éteints, le drame imprimé sur l’image, la déréliction qui tua, d’après la légende, le poète, lui sont connus. Une sympathie naît soudaine. Et le voici, peignant le vieil aveugle, vêtu de vêtements de clarté, assis largement dans un fauteuil, tel qu’il se rêve lui-même, devant l’avenir. Cette œuvre, récemment découverte, appartient au musée de La Haye. D’autres fois, c’est l’image d’une jeune fille toute recueillie dans son innocence, toute pure et candide, qu’il pare d’une belle robe de noce et dont lui-même — on le pourrait croire — s’approche paternellement pour parler d’amour et de maternité future. Ses mains, avec un infini respect, avec une tendresse profonde, attouchent la jeune poitrine cachée sous la robe, réalisant un des gestes les plus
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