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FÊTES GALANTES


Tant le zéphyr souffle, moqueur,
Dispersant l’aphrodisiaque
Effluve, en sorte que le cœur
Chôme et que même l’esprit vaque,

Et qu’émoustillés, les cinq sens
Se mettent alors de la fête,
Mais seuls, tout seuls, bien seuls et sans
Que la crise monte à la tête.

Ce fut le temps, sous de clairs ciels
(Vous en souvenez-vous, Madame ?),
Des baisers superficiels
Et des sentiments à fleur d’âme,

Exempts de folles passions,
Pleins d’une bienveillance amène.
Comme tous deux nous jouissions
Sans enthousiasme — et sans peine !

Heureux instants ! — mais vint l’Été :
Adieu, rafraîchissantes brises ?
Un vent de lourde volupté
Investit nos âmes surprises.

Des fleurs aux calices vermeils
Nous lancèrent leurs odeurs mûres,