Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, I.djvu/314

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DIZAIN MIL HUIT CENT TRENTE


Je suis né romantique et j’eusse été fatal
En un frac très étroit aux boutons de métal,
Avec ma barbe en pointe et mes cheveux en brosse.
Hablant espanol, très loyal et très féroce,
L’œil idoine à l’œillade et chargé de défis.
Beautés mises à mal et bourgeois déconfits
Eussent bondé ma vie et soûlé mon cœur d’homme.
Pâle et jaune, d’ailleurs, et taciturne comme
Un enfant scrofuleux dans un Escurial…
Et puis j’eusse été si féroce et si loyal !