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JADIS ET NAGUÈRE

Son désespoir après le départ de la grue,
Le duel avec Gontran, c’est vieux comme la rue ;
Bref il vit la petite un jour dans un salon,
S’en éprit tout d’un coup comme un fou ; même l’on
Dit qu’il en oublia si bien son infidèle
Qu’on le voyait le jour d’ensuite avec Adèle.
Temps et mœurs ! La petite (on sait tout aux Oiseaux)
Connaissait le roman du cher, et jusques aux
Moindres chapitres : elle en conçut de l’estime.
Aussi quand le marquis offrit sa légitime
Et sa main contre sa menotte, elle dit : Oui,
Avec un franc parler d’allégresse inouï.
Les parents, voyant sans horreur ce mariage
(Le marquis était riche et pouvait passer sage),
Signèrent au contrat avec laisser-aller.
Elle qui voyait là quelqu’un à consoler
Ouït la messe dans une ferveur profonde.

Elle le consola deux ans. Deux ans du monde !

Mais tout passe !

Mais tout passe !Si bien qu’un jour elle attendait
Un autre et que cet autre atrocement tardait,
De dépit la voilà soudain qui s’agenouille
Devant l’image d’une Vierge à la quenouille
Qui se trouvait là, dans cette chambre en garni,
Demandant à Marie, en un trouble infini,