Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, II.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XI


La Belle au Bois dormait, Cendrillon sommeillait,
Madame Barbe-bleue ? elle attendait ses frères ;
Et le petit Poucet, loin de l’ogre si laid,
Se reposait sur l’herbe en chantant des prières.

L’oiseau couleur-de-temps planait dans l’air léger
Qui caresse la feuille au sommet des bocages
Très nombreux, tout petits, et rêvant d’ombrager
Semaine, fenaison, et les autres ouvrages.

Les fleurs des champs, les fleurs innombrables des champs,
Plus belles qu’un jardin où l’Homme a mis ses tailles.
Ses coupes et son goût à lui, — les fleurs des gens ! —
Flottaient comme un tissu très fin dans l’or des pailles,

Et, fleurant simple, ôtaient au vent sa crudité,
Au vent fort mais alors atténué, de l’heure
Où l’après-midi va mourir. Et la bonté
Du paysage au cœur disait : Meurs ou demeure !