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XIX


Il m’arrivait souvent, seul avec ma pensée,
— Pour le fils de son nom tel un père de chair, —
D’aimer à te rêver dans un avenir cher
La parfaite, la belle et sage fiancée.

Je cherchais, je trouvais, jamais content assez,
Amoureux tout d’un coup et prompt à me reprendre.
Tour à tour confiant et jaloux, froid et tendre,
Me crispant en soupçons, plein de soins empressés,

Prenant ta cause enfin jusqu’à tenir ta place,
Tant j’étais tien, que dis-je là ? tant j’étais toi,
Un toi qui t’aimait mieux, savait mieux qui et quoi,
Discernait ton bonheur de quel cœur perspicace !

Puis, comme ta petite femme s’incarnait,
Toute prête, vertu, bon nom, grâce et le reste,
Ô nos projets ! voici que le Père céleste,
Mieux informé, rompit le mariage net.