Donnez-moi de vous plaire, et puisque pour vous plaire
Il me faut être heureux, d’abord dans la douleur
Parmi les hommes durs sous une loi sévère,
Puis dans le ciel tout près de vous sans plus de pleur,
Tout près de vous, le Père éternel, dans la joie
Éternelle, ravi dans les splendeurs des saints,
Ô donnez-moi la foi très forte, que je croie.
Devoir souffrir cent morts s’il plaît à vos desseins ;
Et donnez-moi la foi très douce que j’estime
N’avoir de haine juste et sainte que pour moi,
Que j’aime le pécheur en détestant son crime,
Que surtout j’aime ceux de nous encor sans foi ;
Et donnez-moi la foi très humble, que je pleure
Sur l’impropriété de tant de maux soufferts,
Sur l’inutilité des grâces et sur l’heure
Lâchement gaspillée aux efforts que je perds ;
Et que votre Esprit-Saint qui sait toute nuance
Rende prudent mon zèle et sage mon ardeur ;
Donnez, juste Seigneur, avec la confiance,
Donnez la méfiance à votre serviteur.
Que je ne sois jamais un objet de censure
Dans l’action pieuse et le juste discours ;
Enseignez-moi l’accent, montrez-moi la mesure ;
D’un scandale, d’un seul, préservez mes entours ;
Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, II.djvu/14
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amour