Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, III.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LX

À EDMOND LEPELLETIER


Mon plus vieil ami survivant
D’un groupe déjà de fantômes
Qui dansent comme des atomes
Dans un rais de lune devant

Nos yeux assombris et rêvant
Sous les ramures polychromes
Que l’automne arrondit en dômes
Funèbres où gémit le vent,

Bah ! la vie est si courte en somme
— Quel sot réveil après quel somme ! —
Qu’il ne faut plus penser aux morts

Que pour les plaindre et pour les oindre
De regrets exempts de remords,
Car n’allons-nous pas les rejoindre ?