Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, III.djvu/18

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II


Je me demande encor — cette tête que j’ai !
Où, comme débuta, — bien sûr quelque soir gai —
Cette liaison qui m’a fait ton esclave ivre.
Tu ne t’en souviens plus non plus. Rayons du livre
De Mémoire ce jour des jours, ou plutôt non,
Il ne sera pas dit, ou j’y perdrai mon nom,
Que je n’aurai pas fait au moins le nécessaire
Pour retrouver un peu de cet anniversaire.
Oui, c’était par un soir joyeux de cabaret.
Un de ces soirs plutôt trop chauds où l’on dirait
Que le gaz du plafond conspire à notre perte
Avec le vin du zinc, saveur naïve et verte.
On s’amusait beaucoup dans la boutique et on
Entendait des soupirs voisins d’accordéon
Que ponctuaient des pieds frappants presque en cadence.
Quand la porte s’ouvrit de la salle de danse
Vomissant tout un flot dont toi, vers où j’étais.
Et de ta voix qui fait que soudain je me tais,