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louise leclercq

beauté définitive, que ses yeux hardis plus grand ouverts sur les choses brillaient de la lumière nette qui sied à la compagne heureuse d’un homme heureux et jeune et vigoureux, que sa voix avait des notes décidées, graves presque, et doucement, mais pas trop, impératives, — de même ce beau garçon, sans se féminiser au contraire, avait au contact d’une nature distinguée, infiniment supérieure à la sienne (artificiel produit du gamin gentil de Paris un peu formé par la pratique de clientes bien élevées et l’élégance relativement moins calicotière de son genre d’emploi), contracté quelque chose de simple, de bien, dans ses allures. Ses sens glorifiés dans cet amour qui l’élevait, donnaient à sa tenue générale et aux détails de sa beauté un tour plus sympathique vraiment. Son regard brun s’approfondissait en restant vif et toujours un peu luron, le geste devenait sobre et juste, le teint assez haut se nuançait mieux et sa bouche rouge et forte prenait un pli tout à fait viril en même temps que plus avenant, l’esprit aussi se dégourdissait. Plus de niaiseries rapportées du rayon, plus de jeux aisés ou non de mots. Convenance, discrétion, égalité de manières et ensomme de l’amabilité sincère. C’est que l’amour l’avait investi à la longue. Une immense reconnaissance, la satisfaction, le bonheur complet, là fierté d’avoir une telle maîtresse, fierté plausible qui était encore