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LE POTEAU


« Il se dresse, poteau des funestes chemins. » (Catulle Mendès.)


Edgar Poe me disait un jour, avec cette lucidité d’expression qui ne l’abandonnait jannais au milieu des plus grands écarts de sa magnifique imagination, qu’à son avis, la plupart de nos erreurs viennent de la facilité avec laquelle notre esprit exagère ou déprécie l’importance d’un objets parce qu’il ne sait pas se rendre un compte exact de l'éloignement ou du rapprochement relatif de cet objet. — Tout en rendant justice à la part considérable d’évidence contenue dans cette proposition, je ne pus m’empêcher d’en combattre la forme axiomatique qui semblait mettre de côté toute une série de faits non moins intéressants que ceux qui me paraissaient véritablement justiciables de la sentence que venait de prononcer mon subtil ami. Je désignais par là les hallucinations, visions ou transfigurations d’objets quelconques produites par les forces morales de notre être, conscience, pressentiment, souvenir, and so on, et je prétendais que ces