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Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, IV.djvu/237

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À LA CAMPAGNE


L’humble cabaret d’autrefois est plein de soleil couchant, la chaude lueur allume les vitres, danse sur le carrelage de briques rouges, crible d’étincelles sanglantes les faïences peintes du dressoir de chêne à plaque de cuivre, et vient jusque sur la table où je rêve, les mains au menton, empourprer la bière noire dans la grande chope.

L’hôtesse est toujours celle que j’ai connue, elle a quelques cheveux blancs de plus dans sa fauve tignasse : elle me parle de son mari qui est forgeron et de ses enfants dont l’aîné tirera au sort dans cinq ans. J’ai une certaine difficulté à la comprendre parce qu’elle s’exprime en patois, et quelque peine à lui répondre, — car je rêve.

En rêvant, je jette, à travers la fenêtre basse, les yeux sur la grande route qui mène à la rue d’un village dont on voit les premières habitations. L’une d’elles est un peu plus haute que les autres, et des rayons venus de l’ouest en caressent le toit avec une sollicitude toute particulière.

De loin en loin, passe un cheval traîneur de herse