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mémoires d’un veuf

tainebleau me sont odieux mais militent encore pour ma thèse. Catholique non pratiquant, mais très sincère, comme sa belle et simple mort l’a prouvé, il croyait avoir tout fait pour l’Église en restaurant le culte en France. Le pouvoir temporel n’apparaissait à ses yeux de Jacobin mal repenti que comme un abus, que dis-je, un sacrilège : « Mon royaume n’est pas de ce monde, etc. » Et ce fin politique ne sentait pas que pour que le royaume des cieux soit prêché urbi et orbi, le prédicateur suprême doit ne pas avoir les mains liées et la bouche cousue. Subsidiairement le royaume des cieux, c’est, à parler politique alors, la domination morale de quelque homme de paix et de concorde, sauvegarde des mœurs, arbitre du droit des gens ! Non, Napoléon ne comprit et ne pouvait comprendre ça, lui soldat de l’an II, que la poudre et la Marseillaise avaient assourdi dès les premières heures à un tas de bonnes raisons du temps passé — et futur ! Mais que curieuses ces conversations patelino-menaçantes entre ces Italiens, l’un un génie, l’autre un saint ! Et jamais l’amitié ne cessa entre ces hommes. Le Mémorial de Sainte-Hélène (quel livre ! le livre du siècle, me disait un ami qui a raison) regorge, déborde des sentiments les plus filiaux, les plus touchants envers Pie VII, tandis que. l’admirable accueil décerné à Rome après Waterloo, à madame Mère et à la famille impériale fait