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mémoires d’un veuf

hauteur aussi bien qu’en largeur, ce qui fit qu’un jour qu’il accrochait à un clou de hasard un petit passe-partout pour photographie contenant sa silhouette à lui, faite jadis pour six pence, à l’Aquarium à Londres, assez hideuse ressemblance avec chapeau haut de forme et col de chemise obtenu blanc par un minutieux déchiquetage , ses yeux remarquèrent pour la première fois, pendant de très haut dans un cadre dédoré sous un verre poussiéreux, une gravure figurant une fillette dodue qui pressait sur un arc de son sein, oh ! ah ! une colombe blanche aux ailes battantes, au bec humide. C’était intitulé Le Trouble inconnu et çà portait écrit dessous en magnifique anglaise, d’après Greuze par Henri Legrand. Le dessin est flou. On dirait que l’estompe d’une institutrice a joué là le principal rôle. Nulle toilette. Le tendron est en chemise et le cordonnet de la chemise se dénoue sous les trémoussements de l’oiseau. Un vague châle montre à demi de ces bras qui vous mettent l’eau à la bouche. L’une de ces têtes de Greuze impassible dans sa candeur qui se perd sous la caresse innocente. Des yeux et une bouche pour qu’on les baise dans tous les coins, tant l’une est divine et tant les autres sont adorables. Petit nez droit aux narines plutôt rondes, qui appelle les bouquets à Chloris, des frisons partis de dessous des bandelettes grecques pouvant bien être mises, tant elles sont relâchées, sous le nom