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Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, IV.djvu/369

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mes hôpitaux

une vie en somme de travail, agrémentée, je le concède, d’accidents où j’ai pris ma large part, et de catastrophes peut-être vaguement préméditées, il est dur, dis-je à quarante-sept ans d’âge, en pleine possession de la bonne réputation (du succès, pour parler l’affreux langage courant) à quoi pouvaient aspirer mes plus hautes ambitions, dur, dur, très dur et plus que dur, de me trouver, mon Dieu ! oui, SUR LE PAVÉ, et de n’avoir, pour reposer ma tête et nourrir un corps qui vieillit, que les oreillers et les menus d’une Assistance publique, encore aléatoire, et qui peut se lasser — Dieu, d’ailleurs, la bénisse ! — sans qu’il y ait visiblement de la faute de qui que ce soit, oh ! non, pas même et surtout pas de la mienne.

Qu’on m’objecte la triste mort de Gilbert, mort dont la clef est encore à trouver, celle du pauvre Hégésippe, dont je parlais tout à l’heure, l’épouvantable fin d’Edgar Poe, les lamentables derniers jours de notre grand Villiers, pour me bien persuader que je suis un « bidard » d’ainsi traîner mon âge mûr salué, et j’ose dire, aimé par toute la jeunesse lettrée, dans la fade odeur de l’iodoforme et du phénol, les promiscuités intellectuelles contre nature, l’indulgence un peu narquoise des docteurs et des élèves, toute l’horreur enfin d’une littérale misère mal à l’abri des dernières extrémités…

Vous aurez beau dire, beau faire, c’est — pour