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mes prisons

l’extérieur, ce monument, ce véritable monument, est blanc de chaux et noir de goudron intérieurement avec des architectures sobres d’acier et de fer. J’ai exprimé l’espèce d’admiration causée en moi par la vue, ô la toute première vue de ce désormais mien « château » dans des vers qu’on a voulu trouver amusants, au livre Sagesse dont la plupart des poèmes, d’ailleurs, datent de là…

J’ai longtemps habité le meilleur des châteaux.

À ma descente du train, je fus en voiture, toujours cellulaire, conduit vers cette presque aimable prison, où l’on me reçut en toute simplicité, il faut bien le dire ; après quoi on m’invita — péremptoirement — à prendre un bain, et des vêtements bien bizarres me furent apportés, consistant en une casquette de cuir de la forme qu’on pourrait dire dite Louis XI, une veste, un gilet et un pantalon d’une étoffe dont le nom m’échappe, verdâtre, dure, pareille assez à du reps très épais, très grossier et en somme très laid, un gros tour de cou en laine, des chaussettes et des sabots.

Ainsi affublé, on me fit monter dans la cellule qui m’était destinée. Sommaire, l’ameublement, — car je retombais dans le cas des prisonniers ordinaires, en attendant que de nouvelles démarches eussent lieu à l’effet d’encore m’empistoliser, pour oser ce néologisme.