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les poètes maudits


» Rieuse et respirant une touffe de roses,
» Sous vos grands cheveux noirs mêlés de diamants,
» Quand la valse nous prit, tous deux, quelques moments,
» Vous eûtes, en vos yeux, des lueurs moins moroses.

» J’étais heureux de voir sous le plaisir vermeil
» Se ranimer votre âme à l’oubli toute prête,
» Et s’éclairer enfin votre douleur distraite
» Comme un glacier frappé d’un rayon de soleil. »

Elle laissa briller sur moi ses yeux funèbres
Et la pâleur des morts ornait ses traits fatals.
« Selon vous, je ressemble aux pays boréals,
» J’ai six mois de clartés et six mois de ténèbres ?

» Sache mieux quel orgueil nous nous sommes donné
» Et tout ce qu’en nos yeux il empêche de lire :
» Aime-moi, toi qui sais que, sous un clair sourire,
» Je suis pareille à ces tombeaux abandonnés. »


Et, sur ces vers qu’il faut qualifier de sublimes, nous prendrons congé définitivement — damné petit espace ! — de l’ami qui les faisait.