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les poètes maudits


La conversion de Pauvre Lelian au catholicisme, Sapientia qui en procédait, et l’apparition ultérieure d’un recueil un peu mélangé, Avant-hier et hier, où passablement de notes des moins austères alternaient avec des poèmes presque trop mystiques, firent, dans le petit monde des vraies Lettres, éclater une polémique courtoise, mais vive. Un poète n’était-il pas libre de tout faire pourvu que tout fût bel et bien fait, ou devait-il se cantonner dans un genre, sous prétexte d’unité ? Interrogé par plusieurs de ses amis sur ce sujet, notre auteur, quelle que soit son horreur native pour ces sortes de consultations, répondit par une assez longue digression, que nos lecteurs liront peut-être non sans intérêt pour sa naïveté.

Voici cette pièce :

« Il est certain que le poète doit, comme tout artiste, après l’intensité, condition héroïque indispensable, chercher l’unité. L’unité de ton (qui n’est pas la monotonie) un style reconnaissable à tel endroit de son œuvre pris indifféremment, des habitudes, des attitudes ; l’unité de pensée aussi et c’est ici qu’un débat pourrait s’engager. Au lieu d’abstractions, nous allons tout simplement prendre notre poète comme champ de dispute. Son œuvre se tranche, à partir de 1880, en deux portions bien distinctes et le prospectus de ses livres futurs indique qu’il y a chez lui parti pris de continuer ce