Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/119

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III

Oui, pendant les trois jours qui se succédèrent après l’enterrement de ma chère cousine, je ne me soutins qu’à force de boire de la bière et encore de la bière. Je tournai ivrogne, — si bien que rentré à Paris et à mon bureau, où mon chef, par surcroît dans ma tristesse affreuse, me « chapitra » sur le jour en plus que j’avais pris, au point que je l’envoyai promener, rentré, dis-je, à Paris où la bière est affreuse, ce fut sur l’absinthe que je me rejetai, l’absinthe du soir et de la nuit. Le matin et l’après-midi étaient consacrés au bureau, d’où mon algarade ne m’avait pas fait remercier, — et d’ailleurs ayant, moi, l’égard pour ma pauvre mère, en même temps que pour mon chef de bureau la ruse de leur laisser ignorer la nouvelle et si déplorable habitude inaugurée.

Cette absinthe ! Quelle horreur quand j’y pense d’alors… et d’un depuis qui n’est pas loin, assez loin pour ma dignité, pour ma santé, pour ma dignité pourtant plus encore, quand j’y pense vraiment !