Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/127

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V

Je ne m’attendais pas le moins du monde à l’entrée dans la petite chambre où venait de se réveiller mon futur beau-frère, le bon musicien de génie plus encore que de talent, Charles de Sivry, je ne m’attendais guère, en vérité, à l’entrée, après trois coups frappés à la porte, de sa sœur, ou plutôt de sa demi-sœur, elle étant enfant d’un second lit. Il était environ cinq heures du soir, moment auquel mon noctambule de camarade avait coutume de penser à se lever, et moi-même je me disposais, ensuite d’une conversation, si je ne me trompe, relative à quelque opérette en collaboration, à aller l’attendre au café du Delta tout voisin, pour l’apéritif, quand, ai-je dit, elle entra sans bruit, puis allait faire mine de se retirer quand Sivry lui dit ou à peu près :

— Reste donc, Monsieur est un poète, c’est Verlaine, tu sais bien.

— Oh ! j’aime beaucoup les poètes, Monsieur. Telles furent les premières paroles de cette bouche de qui je devais entendre tant de oui, puis de non,