Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/131

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VI

Peu de temps après je partais avec ma mère pour chez l’oncle dont il a été question, à la campagne, près d’Arras ; là, dans le calme et la paix des champs, et un peu la solitude, malgré quelques parties de pêche et de chasse et de nombreux dîners dans de nombreux villages, où nous avions des « parents », je m’ennuyais un peu. L’ennui est parfois, smon un très bon conseiller, du moins, peut-être, un bon conseil. D’abord il apaise les sens, tous, et Dieu ou plutôt le diable sait si les miens, tous, avaient et ont encore, je le crains, vieille bête que je suis ! besoin d’être apaisés ; puis sa saveur, par moments qui sont bons au milieu de tant de fichus quarts d’heure, se fonce d’une après tout assez bonne amertune, s’acidule de quelque esprit de critique, ou pour mieux dire, de froide et, donc, rafraîchissante clairvoyance qui fait du bien, en quelque sorte, même moralise en aiguisant fût-ce au prix d’une souffrance dès lors digne d’un bon accueil…

Ma souffrance à moi, était, instinctivement, le