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confessions

mantes dans une langue courante avec du pittoresque, tel un ruisseau sur des herbes et des cailloux, des souvenirs sans trop d’anecdotes. Il parlait de Victor Hugo avec une réserve admirative que l’auteur des Châtiments plus que celui des Rayons et les Ombres ne professait guère à l’égard de celui des Consolations comme je pouvais dès lors et pus depuis m’en convaincre dans maintes conversations tenues entre le grand homme et ce moi chétif…

Quant à nous et à nos débuts, il nous félicita gentiment, point trop paternellement, plutôt avunculairement (le mot n’est pas de moi). Ses critiques bienveillantes s’exerçaient de préférence sur mon abus des grands mots en K et en Y et en Ç, vestige de lectures trop juvénilement convaincues de Leconte de Lisle. Pourtant, en dépit des Tchandra et des Çurya qui s’y trouvaient de trop à son avis, et au mien… d’aujourd’hui, il aimait la pièce Çavitry :


Ainsi que Çavitry faisons-nous impassibles,
Mais, comme elle, dans l’âme ayons un haut dessein !


L’entretien ayant dérivé légèrement vers la vie privée (comment pouvait-il en être autrement avec Joseph Delorme ?) et comme je lui parlais de mes projets de mariage, sans enthousiasme ni, je le crois, sans causticité, il « conclut » par ces mots, — ou ce mot :

— C’est à voir, c’est à voir.


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