Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/175

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XIII

En dépit de mes reproches intérieurs (car à quoi bon alarmer cette enfant, sans raison peut-être) ? je ne pus m’empêcher, dès le lendemain soir, dans un entretien véritablement passionné, de faire part à Mathilde de mes tristes pressentiments auxquels elle prit une part qui me navrait ensemble et me charmait. Pour, néanmoins, écarter les trop sombres préoccupations, elle et moi nous nous occupâmes des menus détails en vue de la cérémonie de dans quelques jours. La couturière dut en voir de grises et je ne laissais aucun repos au tailleur. En même temps je tâtais ma future, avec laquelle je me promenais depuis longtemps, sous l’égide de sa mère, les jours de loisirs — depuis longtemps, oui, car je me rappelle comme d’aujourd’hui, avoir vu cette année-là le dernier bœuf gras et le dernier chie-en-lit sérieux, passer, sous un grésil des plus mémorables, sur cette glaciale (ou torride) place de la Concorde, — je tâtais, dis-je, discrètement ma future sur les cadeaux qu’elle voudrait bien accepter dans la modeste corbeille de noces que je lui desti-