Mais nous voici à Hélène-Villa où le dîner est
rapidement expédié. Je monte « m’habiller », je
redescends pour prendre mes notes et passablement
de livres — et nous partons pour la gloire
dans le carrosse du louageur qui doit nous ramener
à des heures tardives. Mme Zilcken n’a pas oublié
d’emporter un œuf que le conférencier gobera
pour avoir la voix plus facile… Mais voici l’antre
redoutable aux corridors sans fin, aux innombrables
salles plus austères les unes que les autres. Je gobe
l’œuf et j’entre dans la mienne de salle. Une bonne
centaine de personnes dont beaucoup de dames et
de demoiselles qui m’accueillent d’applaudissements.
J’ascende les trois marches de l’estrade et
m’assieds au milieu de deux flambeaux ; avec à ma
droite le verre d’eau, un sucrier, une carafe, tandis
que Zilcken dépose sur la table une pile de livres,
toutes mes œuvres, les poésies de l’École romane
en partie, H. de Regnier, Viélé-Griffin, Retté, Dubus,
Rambosson, d’autres encore, le tout avec les pièces
à analyser soigneusement marquées de longs signets
de papier blanc.
Je commence !
Je n’avais parlé, jusqu’ici qu’une seule fois en public. Et c’était en 1869 ! Voici comme quoi et comment. J’avais de concert avec un ami répondu pour un quidam, un « proscrit » polonais pour un prêt de quelques cents francs à ce martyr de la part