Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
quinze jours en hollande

confessa qu’il avait composé des vers sur moi, après la soirée de la veille. Et il improvisa la traduction que je copiai à la volée, que voici :

« Il avait le crâne haut, très pâle, en arc, les yeux clos en ligne droite, noire, nez de petit garçon, bouche jouisseuse se cachant dans des moustaches pendantes, menton dérobé sous la barbe en pointe, pour caresser laquelle la main vint, main de petites lattes, mains à phalanges rompues et comme remises, elles me semblaient ainsi. La jambe roide, droit étendue. N’était-il pas ainsi ?

« Pâle de l’émotion que lui, animal vilain, toujours caché au monde, qui le traquait et l’importunait, honte intentée contre lui pour toujours, maintenant il pourrait faire entendre sa parole parlée, espérant pour lui-même l’amour du monde qui ouvrait ses oreilles pour lui.

« Lut ainsi des notes rompues, s’élevant en notes d’argent, toujours de cette tête abaissée. Toujours la ligne des yeux était droite. La main d’enfant tremblait.

« Jusqu’à ce que se dressât tumultueusement la belle pâle tête, vengée tête, battements de mains, absolution entière proclamée. Est-ce que les yeux ouverts riaient ou pleuraient ? »

Ces vers sont beaux, ne trouvez-vous pas ? Verwey me les avait lus en néerlandais et j’y trouvais