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quinze jours en hollande

mignon qui nous conduit, à travers d’abord l’allée d’hier soir qui est bien en effet bordée de théâtres sans doute populaires, de cafés-concerts, de « restauraties », — aussi du jardin zoologique qui m’a l’air magnifique, avec cette inscription ou à peu près, bien digne d’un pays de tels peintres d’animaux :


NATURAE ARTIUM NUTRICI.


Car ces indéniables et quasi sans mélange septentrionaux adorent le latin lapidaire — et au fond ont raison, maintenant une tradition !

Puis ce sont les canaux. Tous ceux que nous traversons dans notre léger véhicule sont encombrés de bateaux de toute sorte, puis c’est l’Amstel et l’Y, majestueux avec jusqu’à des bateaux de guerre dans leurs ondes par moment gonflées par la mer toute proche. Car vous savez que la Hollande est depuis des vingtaines d’années en guerre dans les Indes avec des « indigènes » excellemment armés, — et en observation du côté des Russes et des Anglais, voisins aux coudes pointus. Même nous voyons passer un régiment de vétérans allant s’embarquer, — en tenue sombre de campagne — bonnet de police aussi, plantés droit mais un peu en arrière. Ils n’ont rien de commun, ces chevronnés, avec les jolis godelureaux de La Haye. Leur moustache


« pend, comme de vieux drapeaux. »