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quinze jours en hollande

dernier, Frédéric van Eeden, très doux et très goûté (je me souviens de sa poignée de main à Amsterdam), sont les principaux poètes modernes de la Hollande. Son peut-être plus grand prosateur serait van Deysset, dont l’éloge presque hyperbolique est dans toutes les bouches compétentes de là-bas.

Mais l’on ne peut bavarder sans cesse. Je monte faire une petite sieste, chose, la sieste, qui m’est familière surtout depuis six ans que ma santé se trouve si détraquée, et que je n’ai pu pratiquer ici jusqu’à ce bienheureux jour d’un battage de flemme si bien gagné.

Je sommeillais tant et si bien en bras de chemise, recouvert de mon pardessus et d’un édredon, que force fut à mes hôtes d’envoyer la bonne qui parlait un peu anglais, laquelle dut frapper plusieurs fois très fort à la porte en me criant dans un accent néerlandais indubitable et inimitable ici : « Get up, Sir. Dinner is ready. »

I will be down stairs directly, répondis-je, et après une toilette rapidement menée, emportant mon pardessus, je descendis pour le dîner — et pour la conlérence de Péladan comme dessert de haut goût.

La salle où Péladan doit parler est celle du Kunstkring le cercle d’art des « jeunes » de la Haye. Assez grande, en long, plutôt faiblement éclairée.

Nous arrivons quand le conférencier est en chaire.