Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
280
quinze jours en hollande

dont les détails et le carillon nous ou plutôt me firent paraître courte une bonne heure, ce qui n’était pas le cas de Blok. Ce petit homme tout nerfs sous son enveloppe un peu bedonnante s’impatientait, trépignait, piétinait. Enfin la voiture convoitée arriva. Nous nous installâmes pleins de couvertures, de foulards, etc., car nous allions à la mer dont l’air en novembre n’est pas caniculaire, sur les coussins très convenablement capitonnés du « char point numéroté », que sur les registres de ce bon preneur de temps de louageur.

Scheveningen est situé à deux milles de La Haye. On y arrive par une route qui doit être splendide en été, mais il faisait cette après-midi un temps superbe et les gigantesques ormes des deux côtés du chemin avaient encore quelques feuilles rouge et or. Du côté gauche de notre voiture ce n’étaient partout que petites maisons fantaisistes, peinturlurées, découpées, déchiquetées par une architecture falote et qui rappellent en plein celles qui font la joie et le repos autour de nos Expositions, n’est-ce pas ? un peu lourdes et vaguement ennuyeuses dans leur splendeur de toc aussi ! À droite la lisière du bois, mon voisin d’en face d’Hélène-Villa.

Au bout d’une demi-heure la princiôre, la royale route fait place à la rue unique du village, un grand village de pêcheurs, dont les habitants ont, paraît-il, gardé des mœurs patriarcales. En tout cas leur