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confessions

et d’une régularité frappante dans les parties que je pouvais en connaître, ce lacis de trop hautes maisons, aux lourds volets gris sales sur des façades de plâtre verni où la pluie avait dilué la poussière en tâches verdâtres sur du jaune pisseux. Les vitres de l’étroit « sapin » malodorant de drap crasseux et de foin moisi sonnaient brutalement et les roues sursautaient, sur ce pavé énorme, irrégulier, habitué plutôt à l’entassement pour les barricades de plusieurs émeutes qu’au nivellement normal des Ponts et Chaussées. Déçu cruellement, je me mis à pleurer, et comme on m’interrogeait, n’étant plus aussi naïf, croyais-je, qu’auparavant, maintenant qu’il m’avait été affirmé que j’étais dans l’âge de discrétion, comprenant littéralement le mot et peut-être aussi par une pudeur (trouver Paris laid, fi, monsieur, que c’est vilain de la part d’un grand garçon !) je répondis que j’avais mal aux dents, — ce qui peut-être se trouvait vrai, puisque j’avais sept ans, sept ans passés, période où tombent les dents de lait et où en poussent d’autres ! Mais la vérité, c’est que ma première impression de Paris fut laideur, boue et jour sale, — et l’odeur fade qui flotte en son atmosphère, pour des narines habituées aux fortes et simples bises de l’Est lorrain et aux salubres courants d’air d’une ville en échiquier.

Le lendemain, je dois l’avouer, me récompensa du mécompte si véhémentement subi dès en arri-