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ALBERT MÉRAT


Je ne puis en vérité parler de mon ami Albert Mérat, poète français, né le 23 mars 1840, à Troyes, sans évoquer en même temps le souvenir de mon ami Léon Valade, poète français, né à Bordeaux en 1840, mort en 1883, sans en quelque sorte faire participer à la biographie du vivant la mémoire du mort, comme sied un portrait aimé sur le mur préféré d’une chambre. Leurs vingt ans, frères et camarades dans la vie, s’étaient unis pour deux livres : l’un, comme son titre, exprimait tout le temps, Avril, Mai, Juin, recueil de sonnets dont les premières éditions sont devenues introuvables ; l’autre, traduction libre de l’Intermezzo de Henri Heine, confirmait bien la souplesse, la maîtrise du talent déployé par les auteurs dans la si sincère jeunesse de leurs primes rimes.

Mérat, après, fit les Chimères, un compact volume qui mérita, vers 1866, les honneurs d’un prix d’Académie. Sainte-Beuve s’était intéressé à cette poésie bien soi dans la très légitime généralité des sujets et des pensées d’une œuvre de jeune homme