Page:Verlaine - Œuvres posthumes, Messein, I.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
355
comme ça

rible blancheur, dont l’électricité seule pourrait donner une imparfaite idée ; quelque chose comme des moires lumineuses plus que hirdes, plus que lunaires, s’élargissait, et des espèces de bruits indéfinissables, musique lugubre, il semblait, de tympanons voilés et de trompettes assourdies et d’orgues très lointaines, pleuraient, ronflaient, fluaient en ondes très vagues, obsédantes à l’infini…

… Tout à coup, la main se dressa sur son médium, se balança quelques instants d’avant en arrière et d’arrière en avant comme pour prendre l’élan et sauta par terre, tel un chat, sans bruit aucun. Tel encore un chat sur le tapis, elle bondit, preste, en mouvement de haut en bas et de bas en haut et, arrivée près de la table de nuit, fut d’un trait sur le marbre, y tâtonna parmi les flacons, déboucha l’un d’entre eux, le prit et en versa quelques gouttes dans le verre de tisane : puis, rampant jusqu’au nez du dormeur, le lui pinça de façon à ce qu’il se réveillât dans un éternuement, plongea dans le blanc et le noir des draps, puis se précipita par terre où je ne la suivis plus du regard, toute mon attention étant désormais concentrée sur le malade. Celui-ci dit : « Que j’ai donc soif ! » Et, sans que je pusse, à mon immense, à mon indicible horreur, me lever du fauteuil où me rete-