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comme ça

l’avaient envoyée chercher ses parents. La vieille avait tenu à reconduire chez ceux-ci l’enfant. En route les questions reprirent de plus belle « — Que font tes parents ? — Ils sont charrons. (En effet, le père était charron et la mère ravaudait.) — Et quel âge as-tu ? — Sept ans » ; en quoi Mine mentait.

Arrivé devant l’humble demeure, l’équipage s’arrêta.

Les bonnes gens furent tous ébaubis de ce qu’une aussi belle voiture stationnait devant leur chaumière sans qu’on leur demandât de réparations ; mais ce fut bien autre chose quand ils en virent sortir Aline et son pot au lait. Aline qu’un domestique aidait à descendre, ainsi qu’une merveilleuse dame âgée qui leur sourit dès qu’on fut entré. De même qu’elle avait interrogé l’enfant durant le trajet, elle interrogea les parents sur leurs ressources, le nombre de leurs enfants, sur, enfin, ce qu’ils pouvaient souhaiter. Ceux-ci répondaient, timides, du mieux qu’ils pouvaient, à cette dame du bon Dieu qui s’intéressait à eux, comme cela, sans les connaître : on n’était pas bien riche, mais on travaillait pour nourrir les enfants, deux petits garçons et trois petites filles (dont Aline), et, avec du courage et de la persévérance, on mettait à peu près les deux bouts ensemble. Et autres paroles de ce genre, dites d’un