Ou se servant du feu soit flambant, soit sous forme
De pierre ou d’huile ou d’eau raffine ta douleur,
Tu dirais, pour un bien pourtant ; mais quel énorme
Effort souvent infructueux, chair de malheur !
Chair, mystère plus noir et plus mélancolique
Que tous autres, pourquoi toi ! Mais Dieu te voulut,
Et tu fus, et tu vis, comment ? au vent oblique
Des funestes saisons et du mal qui t’élut.
Et tu fus, et tu vis, comment ! miracle frêle,
Et tu souffres d’affreux supplices pour un peu
De plaisir mêlé d’amertume et de querelle.
Oui, pourquoi toi ?
Jésus répond : « Pour être enfin
Mienne et le vase pur de l’Esprit de sagesse
Et d’amour et plus tard glorieuse au divin
Séjour définitif de liesse et de largesse !
Encore un peu de temps, souffre encore un instant,
Offre-moi ta douleur que d’ailleurs la science
Peut tarir, et surtout, ô mon fils repentant,
Ne perds jamais cette vertu, la confiance !
La confiance en moi seul ! Et je te le dis
Encore : patiente et m’offre ta souffrance.
Je l’assimilerai, comme j’ai fait jadis,
Au Calvaire, à la mienne, et garde l’espérance.
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