Page:Verlaine - Œuvres posthumes, Messein, I.djvu/400

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
390
histoires

manquait pas de dire que si, et de soutenir mordicus, tapant du pied et faisant une moue épouvantable, ce qui lui attirait tout naturellement l’épithète de menteuse, contre laquelle elle se révoltait, quoi qu’elle sentit à merveille combien elle la méritait, et c’étaient des quintes de rage et de pleurs, et des accès de bouderie immanquablement punis, — et le tout, comme de juste, finissait par faire dans cette tête si tendre un brouillamini qui n’avait de comparable que celui d’un long fil inhabilement enroulé autour d’une bobine mal faite ou bien encore l’embarras des membres de phrases d’une proposition mal déduite par un écrivain sans talent. D’où, après des journées à moitié coupables, à moitiés gâtées par ces regrets qui sont les remords de l’innocence, des cauchemars dans l’horreur desquels le vice se voyait puni sans que la vertu fût là pour se voir récompenser.

Mais, dès qu’elle eut subi le regard attendri (comme à travers un long rêve pénible enfin dissipé) de la vieille marquise, son petit cœur et sa petite âme changèrent comme par enchantement. Elle ne musa plus, elle ne mentit plus, elle fut sage et propre, obéissante et réservée. Bref, elle semblait avoir hérité, proportionnées à ses forces d’enfant et avec toute mesure, de