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charles baudelaire

le Beau, le Beau seul, le Beau pur, sans alliage d’Utile, de Vrai ou de Juste. Tant mieux pour tout le monde si l’œuvre du poète se trouve, par hasard, mais par hasard seulement, dégager une atmosphère de justice ou de vérité. Sinon, tant pis pour M. Proudhon. Quant à l’utilité, je crois qu’il est superflu de prendre davantage au sérieux cette mauvaise plaisanterie.

Une autre guitare qu’il serait temps aussi de reléguer parmi les vieilles lunes et qui, non moins bête, est plus pernicieuse, en ce sens, qu’un peu de vanité puérile s’en mêlant, elle fait des dupes jusque chez les poètes, c’est l’Inspiration, l’Inspiration — ce tréteau ! — et les Inspirés — ces charlatans ! — Voilà ce qu’en dit Baudelaire, et tous les artistes l’en remercieront comme d’une bonne justice faite :


« …Certains écrivains affectent l’abandon, visant au chef-d’œuvre les yeux fermés, pleins de confiance dans le désordre et attendant que les caractères jetés au plafond retombent en poème sur le parquet… les amateurs du hasard, les fatalistes de l’inspiration..... les fanatiques du vers blanc… »


Comme cela vous venge bien — n’est-ce pas ? — des luths, des harpes, des brouillards et des