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critique et conférences


Aussi ! c’était l’auteur, jeune invraisemblablement, de vers si extraordinaires, puissants, charmants, pervers ! Il arrivait avec ce bagage précieux, spécieux, captieux ! Des idylles savoureuses de nature réelle et parfois bizarrement, mais précieusement vue ; des descriptions vertigineuses vraiment géniales, le Bateau Ivre, les Premières Communions, chef-d’œuvre à mon gré d’artiste, parfois bien réprouvable pour mon âme catholique, les Effarés que dans l’Edition Nouvelle des Poésies Complètes[1], une main pieuse, sans doute, mais, à nions sens lourde et bien maladroite, en tous cas, a « corrigés » dans plusieurs passages, pour des fins antiblasphématoires bien inattendues, mais que voici intégralement dans leur texte exquis et superbe !

LES EFFARÉS

Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond,

À genoux, cinq petits — misère ! —
Regardent le boulanger faire
Le lourd pain blond.

  1. Chez Léon Vanier.