À cette lettre qui, en outre de l’envoi des
pièces de vers en question, fourmillait sur son
auteur, qui était celui des vers, de renseignements
bizarres, tels que « petite crasse », « moins
gênant qu’un Zanetto », et qui se recommandait,
de l’amitié d’un d’ailleurs très bon garçon,
commis aux contributions indirectes, grand buveur
de bière, poète (bachique) à ses heures,
musicien, dessinateur et entomologiste, mort
depuis, qui m’avait connu autrefois. Mais tout
cela était bien vague. Les vers étaient d’une
beauté effrayante, vraiment. J’en conférai avec
des camarades, Léon Valade, Charles Cros,
Philippe Burty, chères ombres ! et, d’accord
avec ma belle-famille dans laquelle je demeurais
alors, où, pour mon malheur plus tard, il fut
convenu aussi que le « jeune prodige » descendrait
pour commencer, nous le fîmes venir. Le
jour de son arrivée, Cros et moi, nous étions
si pressés de le recevoir en gare de Strasbourg…
ou du Nord, que nous le manquâmes et que ce
ne fut qu’après avoir pesté, Dieu sait comme !
contre notre mauvaise chance, durant tout le
trajet du boulevard Magenta au bas de la rue
Ramey. Nous le trouvâmes, causant tranquillement
avec ma belle-mère et ma femme dans le
salon de la petite maison de mon beau-père, rue
Nicolet, sous la Butte. Je m’étais, je ne sais
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