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critique et conférences

sait, ce ridicule de penser que les beaux vers ne se font pas tous seuls et que les rimes pauvres n’entraînent pas fatalement la richesse des images ni même celle des idées. Ce point de vue quinquagénaire produit dans la critique de M. Barbey d’Aurevilly des effets d’optique très-amusants, qu’il est bon de mettre en lumière pour l’édification de plusieurs et lébaudissement de quelques-uns.

Par exemple, à propos des Odes funambulesques de Théodore de Banville, M. Barbey d’Aurevilly nous dit sérieusement, dans une de ces incidentes qui lui sont si chères : — « La rime, à laquelle tiennent si fort tous les hommes pour qui la poésie consiste dans l’art d’échiquier de mouvoir et de ranger les mots, la rime, etc. » — Sans le chicaner sur le plus ou moins discutable français de « l’art d’échiquier, » je ne puis m’empêcher de faire observer à M. Barbey d’Aurevilly que, si la poésie ne consiste pas précisément dans cet art d’échiquier-là, cet art d’échiquier-là est la base même de la poésie… et de l’orthographe, absolument comme l’échiquier est la base de l’art… des échecs.

Passons maintenant en revue quelques jugements particuliers dans ce procès intenté aux poètes par M. Barbey d’Aurevilly, juge et avocat. À tout seigneur, tout honneur ! Notre aris-