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critique et conférences

ment Raymond de la Tailhède. En dehors des « Romans », puisque, décidément, le nom s’est imposé, il y a une pléiade indépendante d’ellemême de poètes charmants ou forts, chacun cherchant sa voie, la plupart d’entre eux l’ayant trouvée, — ou la trouvant, les uns, adeptes fervents, d’autres partisans sceptiques, à ce qu’il semble, de ce vers libre que je n’aime pas trop en dernière analyse. De ce nombre sont l’en même temps mystique et raffiné, puis terriblement et si savoureusement méchant Laurent Thaillade. Il est certes bon d’être de ses amis. Quant à ses ennemis de lettres, il ne saurait en avoir que de sots ou d’ignorants. J’aime infiniment ses livres de pure beauté ; mais j’ai un faible pour le Pays du muffle, ce redoutable recueil de violences, d’ironies où la férocité du fond se double, en quelque manière, de celle de la forme, cette forme savante et amusante d’un archaïsme furieux, mais clair. Regnier, Griffin, Stuart Mérill, Retté, tous remarquables, à différents degrés et dont l’avenir nous répond. Je ne nomme pas au hasard, soyez-en sûrs, car si je voulais être interminable, je le serais, tant sont nombreux les jeunes poètes en ces jours d’ambiant matérialisme, un peu exagéré peut-être pourtant ? Beaucoup d’entre eux renonceront à la lutte et rentreront honorable-