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voyage en france par un français

rêvé d’offensant pour la dignité humaine dans leur délirante bestialité !

L’excès du mal engendra un mal pire. Les nécessités d’une défense à outrance contre l’Europe indignée et alarmée firent naître à nos frontières un militarisme d’une intensité inouïe : parmi cent médiocrités et mille incapacités en chef, surgit logiquement un immense génie de général et d’administrateur d’armée. Cet homme ramassa le pouvoir, « tombé — selon son expression — dans la boue », mais, malheureusement élevé dans le jacobinisme, il en abusa jusqu’à l’usurpation, après avoir à lui tout seul, une seconde fois, versé le sang royal, comme pour brûler ses vaisseaux, et s’élança en désespéré sur le trône encore tout chaud du massacre de la place Louis XV et des fossés de Vincennes.

Ah ! lui, le nouveau roi, qui poussa le mépris des Français républicains jusqu’à les bafouer du titre d’Empereur, lui ne fut pas un père, mais bien un bourreau, qui fit la guerre en furieux, en haineux parvenu, en froid dictateur de hasard, presque étranger et tout à fait hostile au pays qu’il lançait dans des campagnes d’ambition personnelle. Pour comble de malheur et de châtiment, le conquérant voulut légiférer, et, n’ayant dans son cerveau puissant mais coupable que la Révolution et ses prin-