Il est clair qu’un catholicisme ainsi desséché,
rétréci, ne pouvait avoir d’action sur les mœurs
non plus que sur les idées. La détestable Régence
et le triste modèle d’un roi livré aux pires
courtisanes avaient fait descendre la corruption
de la cour à la ville, et de la ville aux champs.
L’obscène littérature des philosophes, le relâchement
des couvents, l’escarpement, pour
ainsi parler, des sacrements essentiels prisonniers
d’une secte impitoyable dont les derniers
tenants (en Hollande) symbolisent bien l’erreur
affreuse par des pratiques caractéristiques, telles
que, à la messe, d’élever l’hostie et le calice
de la seule main droite, la main gauche représentant
ceux pour qui le Christ n’est pas mort, —
de par la prédestination et la grâce interprétées
tout de travers, — le respect pour le pape et
pour le roi foulé aux pieds par les parlementaires
affidés après les théologiens de la chose,
l’exemple de l’imprudence hautement donné
par ceux-ci comme par ceux-là en prétendant
rester dans l’Eglise qui les anathématisait et
dans le royaume qui les condamnait par son
chef, le doute bien naturel où de telles attitudes
consacrées par le talent incontestable et la respectabilité
des principaux rebelles ne pouvait
manquer de faire flotter les esprits du vulgaire,
l’hésitation subséquente à remplir les plus clairs
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