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voyage en france par un français

rie. Une décision prompte et du feu à l’action me garantissent ton retour au bien en cas de chute. Le bien est un chemin mauvais qu’il faut poursuivre coûte que coûte à travers toute fatigue et à quoi qu’on se puisse butter.

Dans une agglomération d’hommes quelconques (c’est dire quel élément prédomine dans l’armée actuelle) sous un régime pareil à celui que nous a fait l’absurbe Nombre et par les temps fétides que nous traversons comme on traverse un sale brouillard, la pire pierre d’achoppement serait, pour un catholique même pratiquant comme toi, cette chose, française depuis Quatre-vingt-neuf, lâche en tout temps et coupable plus particulièrement aujourd’hui, le Respect humain. Je crains presque de t’irriter généreusement en évoquant le soupçon que tu puisses heurter ton pied contre ce vil caillou et broncher, et de provoquer sur tes lèvres une filiale réplique à la Rodrigue, mais, mon cher enfant, c’est précisément une des ruses de ce Diable auquel nous croyons, nous, alors que ses plus précieux agents le renient en le niant — (il n’est pas fier, le Diable !) — c’est, dis-je, un des meilleurs tours du Mauvais que d’opposer à ses plus généreux adversaires des obstacles tellement méprisables qu’ils n’y font point assez attention et souvent s’y prennent cruellement.